Quand le terroir devient style : approche sensorielle et potentiel de garde
Boire Pomerol, c’est rencontrer un vin de velours, où la chair du merlot se nimbe d’un parfum de violette, de truffe et de graphite. Les grands millésimes traversent trente ou quarante années dans la cave sans faiblir. Le soyeux, la profondeur de bouche, la générosité contenue sont la marque des grands terroirs d’argile.
À Saint-Émilion, le pluralisme du terroir se traduit par des vins parfois frais, tendus et droits, parfois très puissants. Les plateaux calcaires donnent des vins structurés, droits, très aptes à la garde ; les zones sableuses (secteur de Saint-Sulpice-de-Faleyrens, par exemple) signent des vins plus immédiats dans leur plaisir. La qualité des derniers millésimes, 2015, 2016, 2018, 2019, 2020, a amplifié la réputation de l’appellation, jusqu’à rivaliser avec Pomerol sur certains segments (Wine Spectator, 2022).
Lalande-de-Pomerol, longtemps perçu comme “le petit frère”, assume dorénavant un style gourmand, charmeur, accessible dès cinq à six ans et parfaitement structuré pour évoluer sur dix à quinze ans dans les beaux millésimes. La patine du temps y exprime un fruit bien mûr, parfois une touche légèrement graphite quand les argiles dominent, mais rarement la profondeur abyssale d’un grand Pomerol.