Les pratiques phares d’une viticulture résolument tournée vers la nature
Conversion au bio : démarche collective, territoires catalyseurs
Plus qu’une réponse à une demande du marché, la conversion à l’agriculture biologique s’observe comme une reconquête du terroir. Elle implique l’arrêt total des produits chimiques de synthèse, le développement d’une faune auxiliaire et une observation minutieuse de la vigne.
- Le protocole AB impose trois ans de conversion, sans exception, pour obtenir le label AB de l’INAO.
- Les Côtes de Bordeaux Blaye et Castillon figurent parmi les vignobles les plus dynamiques de Nouvelle-Aquitaine pour la conversion (Cf. Agence Bio, rapport 2023).
- 70% des vignobles certifiés Bio en Gironde sont localisés dans des aires AOC des Côtes (Source : Agence Bio, 2023).
Le Château Peybonhomme-les-Tours (Blaye), mené par la famille Hubert, est emblématique du mouvement. Dès 2000, il engage la ferme familiale en biodynamie, persuadé que « vivre la vigne autrement, c’est renouer avec son rythme et ses besoins profonds ». Ses vins sont aujourd’hui exportés sur plus de 30 marchés, preuve que l’audace paie aussi dans le verre.
HVE, Terra Vitis : l’écologie « praticienne »
Si le Bio séduit par la force du symbole, d’autres certifications s’ancrent dans une approche globale de l’exploitation. La Haute Valeur Environnementale (HVE) exige la maîtrise de l’ensemble de l’empreinte écologique : gestion de l’eau, préservation des haies, réduction des intrants, recyclage...
Le label Terra Vitis, d’origine bordelaise, conjugue écologie, sécurité alimentaire et bien-être au travail. Il est adopté dès 1998 par le Château de Chainchon (Castillon) : ici, la biodiversité est favorisée par 3 kilomètres de haies plantées depuis 2010, l’enherbement des rangs et l’expérimentation de cépages plus résistants.
- Le nombre de propriétés certifiées HVE a doublé en Gironde entre 2017 et 2022 (CIVB, 2022).
- En 2024, près de la moitié des surfaces des Côtes sont HVE ou en cours de certification.
Des innovations pour limiter l’impact environnemental
Loin du vernis, les vignerons des Côtes inventent au quotidien. Quelques leviers clés, relevés lors du Bordeaux Wine Week :
- La confusion sexuelle (remplacement des insecticides par la désorientation des ravageurs via phéromones) s’étend sur des centaines d’hectares à Blaye.
- Adoption massive de l’enherbement spontané ou semé pour réduire l’érosion, améliorer la structure des sols et limiter l’enracinement superficiel.
- Gestion raisonnée de l’irrigation avec des capteurs connectés, pour une vigne résiliente sur les coteaux de Sainte-Foy.